Casey : Oh là là… tu as ressorti des pièces !

Conçu pour durer : J’ai ramené quelques tapes et vinyls pour revenir sur ton parcours.

Casey : Je vais essayer, mais la mémoire … un souvenir repousse l’autre.

 

 

Radio Nova – Dj Clyde

Casey : J’ai pas de souvenirs précis, mais à un moment donné dans le rap, tu croises des gens. Je crois que c’est Clyde qui nous avait invités à venir à Radio Nova. Clyde, c’était un putain de DJ, c’est toujours un putain de DJ ! Il nous a invités à venir faire des freestyles. Tu es toujours content quand on t’ouvre une porte et un micro. Donc voilà ça s’est fait comme ça.

Conçu pour durer : Il n’y avait rien de calculé ?

Casey : Ça peut pas être calculé. Si des gens choisissent de t’inviter, tu peux pas calculer qu’ils choisissent de t’inviter, c’est des choses que tu peux pas prévoir. On est y allés à deux ou trois reprises, après, je peux pas te dire que j’ai vécu une époque Nova en y allant deux fois. Mais Clyde, c’était vraiment quelqu’un de super mortel.

 

 

L 432 : La parole est mienne – 3’30 pour un freestyle

Casey : Il y a une compil qui se fait, il y a une proposition de mettre un morceau dessus, alors tu fais un morceau. C’est la première fois où tu apparais sur un disque, enfin quelque chose de commercialisé et puis c’est tout. J’ai pas un grand souvenir de cette époque. Le morceau sort et puis voilà, rien de spécial en fait.

Conçu pour durer : Ça s’est fait spontanément ?

Casey : Non, je crois que j’ai écrit un morceau pour la compil, sur une instru que j’aimais bien, et puis après il y a eu le freestyle. Et puis voilà, les deux morceaux sont sur L432.

 

 

EP Dooeen’ Damage : à délivrer d’urgence : Décor bâclé – Chacun son raccourci

Casey : C’était Dooeen Damage qui avait édité un petit maxi avec moi et Less du Neuf, car on travaillait avec eux à l’époque. Et puis voilà, pareil c’est une apparition sur un disque, c’est une occasion d’exister sur un vinyl en fait. Ça fait partie du parcours, c’est exister en dehors de son petit cercle.

 

 

 

Première Classe : C’est quoi le dièse ?

Casey : C’est une proposition d’apparaître sur un freestyle. A la base, j’étais pas prévue. Je pense qu’ils m’ont appelée pour boucher un trou. J’étais pas le premier choix, j’étais draftée sûrement en 57ème position. Mais bon voilà, je le fais. Et puis pareil, encore l’opportunité d’exister en dehors de son petit cercle restreint, d’être sur un disque en fait.

 

 

Mixtape Poska 25 : Freestyle

Casey : A l’époque, Poska faisait des cassettes avec pas mal de résonances, et on est invités là-dessus. Chaque disque comme ça, à chaque fois, c’est échelonner, c’est l’occasion d’être là. Peut-être que des gens, qu’un cercle de proximité nous écoute. Mais je peux pas te dire que tu as du retour, que tu as conscience que des gens écoutent ou écoutent pas. Là, par exemple je te vois avec tout ça, et je me rends compte qu’il y a des gens qui écoutent et qui ont gardé tous ces disques. Quand tu es dedans, t’as pas vraiment cette impression.

Conçu pour durer : Ça se fait naturellement ?

Casey : Ouais, tu viens, tu poses. Après, tu le fais parce que ça fait plaisir qu’on t’invite, que t’as aussi une petite dalle, tu as envie de manger du micro, de te confronter un peu. Être sur des disques avec d’autres gens. Mais il y a pas réellement d’après. Tu poses, et puis après tu fais ta vie.

 

 

La Bande Originale : Spéciale Homicide : Pur produit de la crise

Casey : C’est Ekoué et un pote à lui qui avaient fait ce maxi, et ils nous ont invités. J’ai fait ça avec Acto, c’était le membre de Spéciale Homicide, et puis voilà. Ce morceau encore, c’est la possibilité d’être sur un skeud. C’était notre premier morceau Spéciale Homicide. Ça faisait longtemps qu’on faisait des trucs ensemble, qu’on avait écrit des morceaux, mais on avait jamais rien fait. Et là, c’était l’occasion de faire un truc ensemble, et du coup on l’a fait sur ce maxi.

Conçu pour durer : Il n’y a pas eu de suite avec Spéciale Homicide ?

Casey : Beh non, parce que la vie fait que chacun prend des routes différentes en fait. Mais le morceau existe, le maxi existe, c’est l’empreinte d’un moment, d’une trace, d’une histoire. C’est important aussi.

 

 

 

Mixtape Que d’ la Haine

Conçu pour durer : Première sortie Anfalsh ?

Casey : C’est la première fois où tu te prends en main, en fait ! On se met entre nous, on rassemble des thunes, on pose, on fait fabriquer. Tu découvres les coulisses de ce que tu connais pas, à savoir comment on fabrique une cassette, et puis après quand on a les cartons, qu’est-ce qu’on en fait… Aller voir les magasins, les déposer… C’est l’apprentissage de ce qu’est l’indépendance en fait. Faire du dépôt vente, aller un peu partout, en envoyer en province, aller dans les magasins. Cette mixtape, ça a vraiment été un apprentissage de ce qui se passe dans les coulisses.

Conçu pour durer : C’était mettre une première pierre à l’édifice.

Casey : Ouais, mais après tu calcules pas dans ce délire-là, de pierres, d’édifice. Je sais même pas si encore aujourd’hui, on est en capacité de parler d’édifice. Par contre, c’est la première fois où on s’est dit : « Des gens font des mixtapes, pourquoi nous, on en ferait pas une ? ». Tu te sens légitime pour faire un truc toi-même, tout seul, et entre potes, faire notre délire à nous, et de se permettre d’exister vraiment, mais par nos propres moyens.

Conçu pour durer : Vous en avez fait une trilogie.

Casey : Ouais, beh à l’époque on était 600 000, t’as vu, ça gratte, ça enregistre, ça gratte, ça enregistre ! Donc on les fait vite, les «Que de la haine », ça va super despee. Et puis pareil, vu que l’on a fait une fois, et qu’on sait comment le faire, entre-temps le monde a changé, on est passé au CD, la cassette n’existe plus, on a franchi une étape. Et puis, on fait la 2 et la 3. Tout ça c’est de l’apprentissage. Tu apprends à fabriquer les CD, ce qu’est un distributeur, la promo… tu apprends plein de choses, tu apprends en autodidacte.

 

 

EP Ennemi de l’ordre

Conçu pour durer : Une dizaine d’années dans le rap, ce premier maxi était assez attendu.

Casey : Si je replace dans le contexte, peut-être pour les quelques personnes qui écoutaient les « Que d’la haine » ou autres, qui connaissaient ce que je faisais, et ce que l’on faisait avec Anfalsh, mais on peut pas dire que c’était une attente de malade, c’était pas attendu comme le messie. Maintenant, je me rappelle qu’à l’époque, ça aussi c’était encore une étape : « on va faire un disque ». Se sentir légitime pour faire un disque, mettre des titres les uns derrière les autres, mettre son nom dessus, et puis le défendre. Donc, ça c’est encore une étape différente, mais qui est intéressante aussi. Et puis, étape qui te dit : « Ouais, on peut le faire ! ». C’est possible de faire un vinyl, faire un cd seul, et puis d’essayer d’exister. Et ça fait partie du parcours.

Conçu pour durer : Quand je te parlais d’attente, tu avais fait des compils, des mixtapes… tu aurais pu te dire je fais un album maintenant, mais tu as préféré attendre.

Casey : Beh après, je suis pas le meilleur juge de ce que je pense, de ce que je dis, de ce que je fais. Il y en a qui vont trouver ça super timide, mais timide je le suis assez. Parce qu’ à la même époque, il y a des gens qui pensaient qu’il fallait faire un disque, fallait avancer, avoir la dalle, etc… Pour moi, faire un disque, ça m’avait presque jamais traversé l’esprit, et puis en fait t’essaies. Et puis le maxi, c’est une façon d’essayer, de voir ce que c’est de faire un disque. C’est prendre un minimum de risques. C’est essayer quatre ou cinq morceaux pour voir si ça tient, si c’est cohérent, si tu peux la faire. Tu apprends les choses en fait. Et puis surtout, je fonce pas trop tête baissé dans des choses que je connais pas, que je comprends pas : l’industrie de la musique, on peut pas dire qu’à l’époque, et encore même maintenant, je connaissais pas tout, et je comprenais pas tous les rouages. Donc quand tu comprends pas, tu peux pas te jeter dans l’inconnu. Il faut faire un peu tes gammes, et faire un maxi, c’est faire ses gammes en fait. Au même titre que faire des tapes, c’est la même chose.

Conçu pour durer : Prendre de l’expérience au fur et à mesure.

Casey : Ouais, apprendre, comprendre. C’est juste essayer de comprendre ce qui se passe, comment ça fonctionne.

 

 

Mixtape Hostile au stylo : Rétrospective 1995 à 2006

Conçu pour durer : Mixtape qui annonçait l’album…

Casey : Vu qu’il y avait eu des tonnes de trucs à gauche, à droite, tu te rends compte que, mine de rien, ça fait pas mal de trucs ! On a fait pas mal de mixtapes, on a pas mal freestylé. Tu rassembles le tout. Il y a la partie aussi, un peu plus en coulisses, ou faire un disque c’est des thunes, donc avec celui-là ça me permet d’avoir un peu de thunes pour faire l’album.

 

 

LP Tragédie d’une trajectoire

Casey : Là aussi pareil, tu essaies. Au début, pour moi, un album ça faisait truc, gros balèze, et puis en fait tu te rends compte que ça va. Tu mets des titres les uns derrière les autres, tu essaies d’être toi-même, et voilà, ça fait un disque !

Conçu pour durer : Tu avais des vieux morceaux que tu avais gardés pour l’album ?

Casey : Non, j’ai tout fait directement. J’ai tout fait quand j’ai décidé de faire le disque. Après, avec Herry et Laloo, on discute, ils me filent des instrus, je gratte. Et puis, un album ça reste que la photo du moment où tu le fais, ça correspond à ce moment-là, à cette période.

Conçu pour durer : C’est dans la continuité des radios, des mixtapes…

Casey : Ouais, voilà. C’est d’étape en étape, tu fais des choses. Peut-être la suite logique, c’est d’arriver à en faire un. Mais vraiment déjà en faire un, c’était quelque chose. Mais après, tu apprends aussi à travers ça, tu te confrontes, tu fais des concerts, des gens qui ont écouté viennent te parler, tu fais des petites interviews, tu apprends plein de choses. Tu parles de ton disque, tu essaies d’expliquer comment, pourquoi… tu apprends à défendre un disque, exister commercialement, comment fonctionne le circuit.

Un premier disque, c’est vraiment une carte de visite. Voilà ce que je fais, voilà ce que je défends, voilà ce que je dis. Ça permet comme je te dis de se confronter à la scène , et à des gens qui l’ont peut être écouté, le relais dans les magasines, dans les petites radios. Tu apprends tout ça et tu découvres aussi tout ça.

 

 

Zone libre : L’angle mort – Les contes du chaos

Conçu pour durer : Tu as une influence rock ?

Casey : Ouais, j’aime bien. Les musiques qui patatent, j’aime bien et le rock ça patate ! La musique, je me pose pas la question, ça passe pas forcément par la case cerveau, c’est un truc qui te parle ou pas en fait, et le rock ça m’a toujours parlé.

Conçu pour durer : Il y a eu la connexion Zone Libre, avec deux albums.

Casey : J’ai kiffé, parce que je kiffe le rock, sur scène on s’est quand même fait quatre ou cinq bons concerts, j’ai vraiment de très bons souvenirs sur scène. Et puis, tu fais des rencontres, des gens d’autres milieux qui ne sont pas de ton milieu social, ton milieu culturel, qui pensent peut-être pas comme toi, qui agissent peut être pas comme toi, c’est autre chose. C’est aussi une découverte d’un monde qui t’es peut être un peu étranger à la base. Musicalement, c’était bien trippant.

Conçu pour durer : Il y avait une différence avec la scène par rapport aux concerts rap que tu faisais ?

Casey : C’est une autre énergie. Déjà, on joue à plusieurs, on est beaucoup, on est cinq. Et tous ensemble, on est plusieurs élément à faire en sorte que ça s’accorde, c’est un autre délire. Et puis Zone libre, ils jouent fort. C’est particulier, tu as le son derrière toi. C’était bien.

 

 

LP Libérez la bête

Casey : Après tu attrapes un petit virus, quand tu as fait un ou deux albums. Maintenant, tu sais comment ça se passe, tu comprends à peu près le début, la fin et le milieu. Donc, là tu es peut-être un peu plus sûr de toi pour faire des choses, donc je fais celui-là. Encore maintenant, j’apprends des choses, mais c’est un autre état d’esprit. Quand je fais cet album, je connais un peu plus de choses, je comprends un peu plus de choses sur l’industrie de la musique. Tu es plus en confiance tout simplement. A chaque fois, c’est de l’apprentissage, tu apprends aussi beaucoup sur toi, sur ce que tu sais faire ou pas, sur ce que t’aimerais faire, sur ce que tu veux pas faire. Des étapes comme ça.

Conçu pour durer : Tu peux nous parler du troisième album à venir ?

Casey : Il est prévu pour février ou mars 2013, dans cette zone-là.

Conçu pour durer : Toujours la même équipe pour la prod ?

Casey : Ouais. Après, il y aura peut-être une ou deux prods de personnes autres que Laloo et Hery. Je suis dedans en ce moment, j’ai pas tellement de recul pour t’en parler. J’aurais plus de recul plus tard, mais c’est la même façon de faire, tu as les instrus et puis t’écris. Et puis, en écrivant tu as des directions qui commencent à se dessiner, à se dévoiler devant toi, à prendre forme petit à petit, c’est comme ça que ça se fait. C’est une pièce qui se monte petit à petit.

Conçu pour durer : Tu prends d’abord les prods, et tu écris par la suite ?

Casey : Ouais. C’est vraiment les instrus qui amènent l’écrit, qui posent le décor, vraiment.

Conçu pour durer : Partir sur un thème…

Casey : Ouais. Tu as des instrus, elles ont déjà leurs décors, elles posent déjà l’humeur, elles posent déjà l’ambiance. D’elles-mêmes, elles te font un parcours fléché, elle te disent que c’est de là que tu vas devoir partir, pour aller dans cette direction, c’est pas possible ! Vu l’humeur du truc, vu le ton du truc, et là je suis dedans !

Conçu pour durer : Prochain extrait ?

Casey : Les premiers extraits vont arriver entre fin 2012 et début 2013.

Conçu pour durer : Ce sera Tcho pour le clip ?

Casey : Ouais, car Tcho c’est l’équipe, parce que l’on se connaît. Il peut y avoir aussi d’autres gens, ça dépend aussi des rencontres. Maintenant, la base pour les pochettes et pour les clips, c’est avec Tcho. Après, c’est même pas un délire de se fermer mais c’est kiffant d’évoluer et de grandir ensemble. Avec Tcho, on se connaît depuis qu’on a 15 ans, donc c’est kiffant de grandir ensemble, c’est vachement gratifiant.

 

 

Conçu pour durer : Cette année, il y a eu l’album de B James et de Prodige sur Anfalsh.

Casey : L’album de B James Acte de barbarie, l’album de Prodige Calvaire sortis récemment. Il va y avoir l’album de AL aussi, qui va arriver le 3 décembre 2012. Les choses se font.

Il y a pas d’enjeu particulier, ce qu’il faut déjà, c’est que ça existe. C’est déjà dur d’exister quand tu es un peu hors des sentiers battus. Donc, quand ça existe, c’est déjà une victoire en soi, c’est pas rien. L’album de B James, avec la gueule qu’il a, c’est pas rien qu’il existe. L’album de Prodige, avec la gueule qu’il a, avec la pochette … c’est pas rien qu’il existe ! Parce que tout t’explique que ce genre de disques ne doivent et ne peuvent pas exister. Donc quand ça existe, déjà en soit c’est une victoire, c’est mortel. Les gens l’écoutent, c’est mortel. Et j’espère vraiment que les gens suivent et soutiennent parce qu’il faut vraiment comprendre que ce genre de disques sont vraiment pas au format, et c’est très dur pour eux d’exister. Si c’était pas nous même qui prenions en main ce genre de disques, il y aurait aucune chance que ça existe à travers des réseaux classiques. C’est impossible.

Conçu pour durer : Vous aviez commencé une mixtape Représailles

Casey : Là on est sur le volume 2, il faut qu’on le termine, on a déjà pas mal de titres. Mais il y a eu une période où se voir était compliqué, parce que B James et moi, on était avec Zone Libre, Prodige, il était sur son album … A chaque fois, il y a eu des contretemps qui ont fait qu’on était aspirés par autre chose et se voir et bosser, c’était compliqué. Mais là, c’est prévu qu’on s’y remette. C’est vrai qu’il y a eu une longue parenthèse où on a dû arrêter. Mais on a grave envie de s’y remettre et de la terminer, juste parce qu’on en a parlé et qu’on a ouvert nos gueules, et qu’il faut vraiment qu’on la termine. Et puis Anfalsh, c’est la famille, il faut qu’on revienne mettre deux ou trois coups de schlass, c’est obligé !

Conçu pour durer : Une trilogie Représailles ?

Casey : Déjà, on fait le volume 2, on va pas être présomptueux. Il faut déjà qu’on termine et si on en fait un troisième, on pourra parler de trilogie. Mais la deuxième, oui , on va la faire !

 

 

Interview réalisée le 22 Novembre 2012 au Connexion Live (Toulouse).
Photos : SAP Photo
Remerciements : Casey, Raaf (Matière Première), Tcho (Antidote Lab), Le Connexion Live, Laura, Audrey (Origines Contrôlées), Jo.

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